Vous rêviez de soutenir Danse avec les roues? C’est désormais possible en cliquant ici!

La vie mais à vélo !

ÇA GRATTE LES POUILLES

Les premiers coups de pédale dans les Pouilles nous font croiser le chemin d’Aurele. Soit disant Breton, j’ai trouvé dans sa façon d’apprécier le présent et de rouler nu pieds un côté stoïcien qui m’a fait douter quant à ses réelles origines et ses intentions en Italie. Selon moi c’est un empereur en cavale. Parti de Marseille pour un tour de la mer Adriatique, nous avons effectué la traversée de Vlora à Brindisi à un jour d’écart. Sans savoir qui suivait l’autre, nous continuons notre route ensemble, au moins jusqu’à Tarente. C’est aussi sur cet itinéraire que l’on croisera Pierrino en fin de journée, qui nous vantera d’abord la fraicheur de l’eau de la fontaine à laquelle il se désaltérait, avant de nous inviter à une dégustation de vin dans le domaine de son frère. Après la visite, il nous parle d’appartement à Paris, rue de Rivoli, et de business dans la vente d’or. On ne pose pas de question et on sort chargé de trois bouteilles généreusement offertes « oune bouteille pour trois, no! Trois bouteilles pour trois c’est meilleur ». Merci Perrino, on s’en rappellera le lendemain qu’avec difficulté, on ne pouvait pas envisager de trimbaler une bouteille sur le vélo pendant toute la journée. Il faut penser efficacité.

Aurele nous quitte le lendemain après avoir partagé une pizza, son chemin le mènera vers la Sicile. Le nôtre vise Rome et nous quittons la mer pour quelques jours en s’enfonçant dans les terres italiennes. Une fois les premiers vallons franchis, s’offre à nous une campagne luxuriante où les cactus côtoient une flore beaucoup plus familière. Les raisins sont murs et réduisent ma consommation de Fanta, et une autochtone m’apprend à consommer les figues de barbarie sans avoir les mains qui grattent pendant des heures.

Les villages, d’abord des Pouilles et ensuite de la Campania, sont tous magnifiques et nous surprennent par un centre historique caché, qu’il faut difficilement atteindre car tous perchés au sommet d’une colline. On est passé trop rapidement par Matera (en ne se rendant compte que par la suite de l’intérêt de la ville car la trace GPS la contournait), mais l’après-midi à Gravina in Pulgia suffira à souligner les beautés de la région.

Après tout ce temps passé en bord de mer très fréquenté, le calme de la campagne rend les bivouacs beaucoup plus simples et on y dort très bien. Aucun chien, et beaucoup de fontaines pour se laver ou faire la lessive. Ne croisant aucun camping sur notre chemin, les points d’eau étaient salvateurs, tant pour nos vêtements, que pour nos corps endoloris par l’effort. Des ablutions sommaires mais nécessaires, au vu de la couleur de l’eau après notre passage, beaucoup moins limpide. Mais, fort heureusement, les Italiens font les choses bien. Les abreuvoirs et lavoirs sont confortables et nous offrent de très belles vues sur le paysage environnant. Et du haut d’un jacuzzi, c’est encore une fois plein de zalouzi qu’est regardé le voyageur qui, à travers le vélo, profite des mêmes plaisirs mérités à moindre coût.

Les moustiques tigres par contre nous suivent absolument partout et ne nous laissent aucun moment de répit. Pablo découvrira un matin les croix de Malte, sorte de shuriken végétaux, qui lui crèveront les deux pneus (Schwalbe Marathon. Même si c’est plus lourd, pour le trekking il faut vraiment considérer la bande anti crevaison comme une tranquillité d’esprit). Je profite du temps alloué à la réparation pour un passer un coup de téléphone professionnel immergé dans une fontaine. Les nuits commencent à se faire plus fraiches et plus humides, et je retrouve cette vieille habitude que nous avions avec Margot en Bretagne d’étendre tout le matériel de couchage après deux heures de route, lorsque le soleil est plus vigoureux. On passe rarement inaperçu : deux cyclistes torse nu et en sueur monopolisant la place du village avec des draps et des bâches, c’est pas dans ces moments là que l’on nous offre le ristretto. Les spécialités culinaires de l’Italie nous permettent de faire des sobres repas de bivouac de véritables festins en accompagnant les pâtes de sauces variées. Petite préférence pour la ricotta & truffe, et pesto rosso, ricotta & noix.

Cette Eurovelo 5 est selon moi un des plus beau itinéraire cyclable que j’ai pu expérimenter jusqu’à présent, notre idée initiale de quitter la côte pour chercher du calme et de l’authenticité s’avère bonne.

5 Responses

  1. merci pour le reportage et les jolies photos, bonne continuation, et bon retour au pays; bisous à vous deux mamie

  2. Une nouvelle fois merci pour les photos et la prose agréable à lire, en plus d’être intéressante.
    Soyez prudents
    Bises
    Tata

  3. J’ai compris le jeu de mots du titre : c’est à cause des moustiques tigres ! Et en italien ça donne : ça gratta li Pouglia, c’est plus pittoresque mais personne ne rigole salacement…. Sinon, bien joué le clin d’oeil à Zaluzi, ça nous fait remonter le cours de l’histoire récente !
    Les bains en abreuvoir sont savoureux (même pour le spectateur), et interpellent ma fibre nostalgique : je me suis pris à fredonner “emmène-moi” de l’ami Graeme, qui a dû lui-aussi vivre cette expérience !
    Ciao bambini

  4. bonjour les courageux, je suis allé à Malte mais je n’avais pas vu la croix, j’ai cherché sa signification et j’ai trouvé que chacune des 8 pointes représentait une béatitude dont celle-ci: sincérité et la résistance à la persécution mais les autres sont aussi vraies a vous de voir, j’ai quand même trouvé la croix de malte qui vous a créé des soucis “tribulus terrestris”. Ca commence à sentir l’écurie mais la voie 5 a l’air de faire pas mal de détour vous aurez fait au moins 2 fois la ligne directe. Petite correction pour Brigitte ou François, les cheveux longs n’attire pas les poux, j’en sais quelque chose dans mes années lycée on m’a persécuté pour ces préjugés.
    Bonne continuation, et bon courage encore de belles choses à voir.

    1. Salut Dominique! C’est que ça m’a l’air d’exister nul part ailleurs cette plante… On a choisi de dormir dans un champ entier, ça aurait pu être pire!
      Je vais en croire ta longue expérience des cheveux longs et les garder au moins jusqu’au travail, en plus il commence a faire froid.
      A bientôt 🙂

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

AUTRES ARTICLES

Le grand voyage

ÇA GRATTE LES POUILLES

Les premiers coups de pédale dans les Pouilles nous font croiser le chemin d’Aurele. Soit disant Breton, j’ai trouvé dans sa façon d’apprécier le présent et de rouler nu pieds…

Lire la suite

MERCI !